Mathieu van der Poel a inscrit un peu plus son nom dans la légende de Paris-Roubaix. Le double tenant du titre a une nouvelle fois dompté l’Enfer du Nord et s’est imposé pour la troisième année consécutive. Plus fort que tout le monde, il a évité les pépins techniques contrairement à ses adversaires. Tadej Pogacar (UAE Team Emirates) prend la seconde place, Mads Pedersen (Lidl-Trek) complète le podium au sprint devant Wout van Aert (Visma Lease a Bike).
Qui dit conditions difficiles dit chutes. Au tapis dans la première partie de la course, on retrouve notamment les Belges Wout van Aert, Jasper Philipsen (Alpecin-Deceuninck) et Jasper Stuyven (Lidl-Trek). Rien de grave mais de nombreux coureurs ont dû effectuer des efforts supplémentaires très tôt dans la journée. Ce fut également le cas de Filippo Ganna (INEOS-Grenadiers), victime d’une crevaison dans le tout premier secteur pavé.
C’est presque au complet que le peloton arrive au secteur d’Haveluy à Wallers, un carrefour très important tous les ans juste avant la Trouée d’Arenberg. Mads Pedersen lance les hostilités en imprimant un gros tempo dans Wallers après avoir fait travailler son équipe toute l’étape. Tadej Pogacar et Mathieu van der Poel montrent les crocs eux aussi et impriment un tempo très soutenu tout le long du secteur.
Dans la mythique Trouée d’Arenberg, le cyclocrossman MVDP prend les choses en main tout du long et imprime un tempo impressionnant. À la sortie, plusieurs favoris sont à la traîne : Filippo Ganna, qui semble très peu en forme mais surtout Wout van Aert qui se retrouve bloqué dans un groupe de poursuivants. Les autres favoris ne souhaitent pas voir le champion belge rentrer et multiplient les attaques pour le maintenir à l’écart.
Mathieu van der Poel est bien décidé à faire très mal à tout ce groupe, le double tenant du titre fait extrêmement mal à tout le monde sur chacune de ses accélérations. Sur une nouvelle attaque, un groupe de cinq coureurs se démarque : MVDP, Pogacar, Philipsen, Pedersen et Stefan Bissegger (Decathlon AG2R La Mondiale).
Alors que l’on pouvait penser que ce groupe de cinq serait celui de la victoire, la loi de Paris-Roubaix a frappé. Tadej Pogacar lance une attaque dans Warlaing à Brillon, suivie par Mathieu van der Poel. En revanche Mads Pedersen et Stefan Bissegger crèvent tous les deux et laissent partir les trois hommes de tête. Bloqué dans un groupe de poursuivants qui peine à s’entendre, Mads Pedersen s’énerve alors qu’il sent que ses espoirs de victoire se réduisent.
Dans Mons-en-Pévèle, Van der Poel accélère et teste les limites de Pogacar dans le faux plat montant. Le champion du monde est parfaitement dans la roue mais Jasper Philipsen craque. Pogacar profite d’une petite montée et des difficultés de Philipsen pour placer une attaque et distancer définitivement le sprinteur belge. À la sortie du secteur, Philipsen est déjà à plus de 20 secondes. Van der Poel hésite un temps à l’attendre mais prendra finalement les relais, ils ne sont plus que deux en tête.
Mais comme à son habitude, l’Enfer du Nord a frappé. Alors qu’on se dirigeait vers un duel de gala entre Van der Poel et Pogacar, le slovène est parti à la faute dans un virage très serré sur la droite et a terminé au sol. Van der Poel n’est pas passé très loin de la gamelle mais parvient à prendre la tête de la course, seul. Tadej Pogacar a perdu près de 20 secondes dans l’histoire et doit désormais se lancer à la poursuite du double tenant du titre.
Les kilomètres défilent mais la distance entre les deux coureurs ne bouge pas. Van der Poel maintient son écart et commence graduellement à reprendre quelques secondes jusqu’au bout. Une fois n’est pas coutume, l’Enfer du Nord a frappé et a définitivement enterré la course : Tadej Pogacar crève à 20 kilomètres de l’arrivée, douchant ses espoirs de victoire.
Mathieu van der Poel s’envole vers la victoire, sa troisième consécutive en seulement quatre participations. Une petite frayeur à 15 kilomètres du terme alors qu’il connaît la première crevaison de sa carrière sur Paris-Roubaix mais son avance est trop importante. L’Enfer du Nord n’a pas tenu toutes ses promesses mais il ne faut pas oublier que les crevaisons et les chutes dictent très souvent le classement à l’arrivée dans le Vélodrome de Roubaix. Il n’y a pas que de la chance dedans mais aussi beaucoup de technique, de savoir-faire. Tadej Pogacar n’a pas l’expérience que possède un Van der Poel et c’est pour ça que l’un est parti à la faute et l’autre non. Le champion du monde aura tout de même frappé les esprits pour une première à Roubaix et il pourrait être tenté de revenir les années suivantes pour prendre sa revanche.
