Ce qu’on croyait encore impensable, voici cinq semaines, aura bien lieu ce dimanche à Wimbledon : un remake de la finale entre Carlos Alcaraz, 21 ans, et Novak Djokovic, 37 ans ! Impensable, car le 5 juin dernier, le Serbe se faisait opérer du ménisque, après une mauvaise glissade à Roland-Garros, et certains spécialistes parlaient d’une indisponibilité d’au moins six semaines. Faites le compte… Non seulement le n°2 mondial est revenu sur les courts en un temps record, mais le voici à nouveau en finale de Wimbledon (sa 10e), sa toute première finale de la saison ! L’occasion pour lui de réussir un incroyable pari en allant chercher un 8e titre à Wimbledon (record de Federer égalé), un 25e sacre en Grand Chelem (record historique) et une revanche sur Carlos Alcaraz, seul joueur à l’avoir battu en Majors, l’an dernier.
« Il n’y a pas de recette magique »
Une revanche, aussi, sur cette saison, jusque-là maudite où on le disait moins motivé. En un gros mois dont une quinzaine sur son gazon sacré, Novak Djokovic, et sa genouillère à droite, casse à nouveau tous les codes. Il est monté en puissance dans ce tournoi au tirage plutôt favorable (avec aussi le forfait de De Minaur en quart) pour retrouver toute sa consistance, en demi-finale, face à un Lorenzo Musetti, toujours très spectaculaire, mais impuissant : 6-4, 7-6, 6-4. « Je ne veux pas m’arrêter ici », a déclaré le Serbe en quittant ce Central qui le faisait déjà rêver à 7 ans. « Il n’y a pas de recette magique. Plutôt que de travail dur, je préfère parler de travail intelligent. Contre Carlos, qui m’avait battu en cinq sets épiques, l’an dernier, je ne m’attends rien d’autre qu’une autre énorme bagarre avec, je l’espère, une autre fin. »
4e finale majeure pour un Alcaraz, jamais battu à ce stade
Et même si c’est un « remake », Wimbledon ne pouvait évidemment pas rêver d’une meilleure finale entre le nouveau phénomène du tennis mondial et l’ancien. Carlos Alcaraz n’a que 21 ans et va déjà disputer sa 4e finale en Grand Chelem, après avoir déjà remporté l’US Open 2022, Wimbledon 2023 et Roland-Garros, voici cinq semaines ! Seul Rafael Nadal est encore un peu devant lui en termes de précocité.
Mais le plus étonnant avec le jeune Murcien, c’est qu’on a l’impression qu’il lui reste toujours de la marge pour progresser. C’est en tout cas ce que le public du Central a pensé, au début de la première demi-finale du jour, lorsqu’il s’est retrouvé mené 2-5 par un Daniil Medvedev remonté comme un coucou. En panne de service, l’Espagnol était méconnaissable. « J’étais très nerveux », reconnaîtra-t-il. Il retrouvera, souligné, dans son bulletin ce début de match raté et un premier set concédé (1-7 au tie-break), comme lors de son 3e tour contre Frances Tiafoe (victoire en 5 sets) ou de son quart face à Tommy Paul (4 sets).
Medvedev a frôlé la disqualification
Une première manche aussi marquée par un incident. À 3-5, la juge de chaise, Eva Asderaki, compta un double-rebonds que Daniil Medvedev contesta en balançant des jurons en direction de l’arbitre. Ce qui aurait pu lui valoir une disqualification pure et simple. Sans doute parce qu’il s’agissait d’une demi-finale, le Russe s’en est sorti avec un simple avertissement…
Mais finalement, c’est Carlos Alcaraz qui allait se charger de la punition. Le n°3 mondial trouvait enfin son tennis pour casser le rythme de son adversaire et le pousser à la faute. On assistait, alors, au même scénario que celui de la demi-finale de l’an dernier entre les deux mêmes joueurs (triple 6-3) avec un Espagnol subitement intouchable et se permettant même quelques fantaisies (comme un énorme smash, transformé en amortie, complètement raté) pour encore un peu plus épater la galerie : 6-7, 6-3, 6-4, 6-4. Quand on parle de marge de progression pour Alcaraz, en plein match, il parvient à hausser son niveau de jeu pendant que d’autres commenceraient à douter, et ça, c’est juste la marque des grands champions, ces phénomènes qui collectionnent les grandes finales. « Je ne me sens plus du tout comme un petit nouveau » a déclaré le tenant du titre. « Je sais déjà comment je vais me sentir ce dimanche. Ce que je dois faire, ce que je dois améliorer et ce qui marche bien. J’espère que ce sera un grand jour pour les gens en Espagne, aussi avec l’Euro… »
Grand fan de foot, le Murcien a mis deux secondes (tout en recevant une belle bronca) pour comprendre qu’il venait de prononcer cette phrase devant tout le public… anglais. « Je n’ai pas dit que l’Espagne allait gagner » a-t-il tenté de rectifier. Comme quoi, même s’il ne se sent plus comme « un petit nouveau », il lui manque encore des planches pour bien gérer le public du Central. Peut-être pourra-t-il demander conseil à Novak Djokovic, dimanche…