Thierry Neuville piégé par un règlement de la FIA absurde et obsolète

Neuville, toujours leader du champion du monde après sa décevante 8ème place finale au rallye de Lettonie qui s’est terminé ce dimanche, est-il devenu un «mauvais» pilote? Pas du tout… Son résultat frustrant, il est dû à la FIA et à son règlement dépassé. Les pilotes s’en plaignent depuis des années. La fédération va-t-elle enfin se réveiller ?
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Bon dernier à l’issue de la journée de vendredi, huitième sur dix le samedi soir, et toujours huitième final ce dimanche après-midi, à l’issue du rallye de Lettonie, la huitième épreuve du championnat du monde WRC : à la lecture des résultats de Neuville, certains pourraient s’étonner. Notre compatriote aurait-il perdu de sa superbe ? Arrive-t-il encore à maîtriser sa Hyundai ? D’autant que Thierry n’a plus gagné un rallye depuis janvier dernier et le Monte Carlo, soit la première épreuve de la saison. Depuis ce succès, Neuville n’y arrive plus. Pour quelle raison ? Trêve de suspense : non, le Belge n’est pas devenu mauvais ! Il est tout simplement victime d’un règlement de la FIA, la fédération internationale automobile, devenu absurde. Explications.

Le leader doit balayer pour les autres

C’est une « tradition » qui ne date pas d’hier : le leader du classement mondial doit « ouvrir » la route, c’est-à-dire partir en première position sur la route. Et sur un rallye comme celui de Lettonie, cela ne pardonne pas. Neuville a donc dû « faire la trace » pour ses rivaux, sur une route recouverte de graviers et de poussière. Idéal pour perdre de précieuses secondes. Evans et Tanak, 2ème et 3ème au championnat du monde, et donc 2ème et 3ème sur la ligne de départ, ont également dégusté. Tout profit pour des pilotes à « temps partiel », ne participant pas à toutes les épreuves. Ces derniers sont donc plus loin au classement du championnat et peuvent partir… après les leaders. Et donc bénéficier d’une route bien « balayée ». Les Rovanperä (vainqueur final), Ogier et Sesks ont donc pu parader tout au long du week-end en tête de la course. Au grand désarroi de Neuville, donc. Mais aussi de Tanak et d’Elfyn Evans. « C’est très difficile d’accepter les temps lorsque tu arrives à la fin de la spéciale », explique le Gallois au micro de la RTBF. « Ça doit être perturbant pour le public de voir les candidats au titre aussi loin au classement. Ça n’a pas beaucoup de sens… ».

Une spéciale qualificative le jeudi?

La solution qui fait quasiment l’unanimité au sein des pilotes ? Organiser le jeudi, avant le départ du rallye, une « spéciale qualificative ». Et le vainqueur choisit sa position de départ pour le rallye. Ensuite, le deuxième de cette séance de qualification fait pareil, et ainsi de suite… Une formule qui a plusieurs avantages : être plus équitable, redonner de l’intérêt à la journée du jeudi, et offrir un chouette spectacle aux spectateurs et aux télévisions dès le jeudi. « Cela fait des années que je le demande », peste Ogier. « Mais on attend toujours… ». Alors, la FIA, on se réveille quand ?

En attendant, et c’est paradoxal : malgré son classement final frustrant, Neuville a plus ou moins limité la casse au classement du championnat du monde… sur le plan comptable. Au final, il ne concède que 2 points à Evans et 13 à Tanak. Il possède donc encore 8 longueurs d’avance sur... Tanak, qui a doublé Evans à la deuxième place. Mais le prochain rallye, de nouveau sur terre en Finlande (1-4 août), s’annonce tout aussi difficile pour Neuville, qui devra, de nouveau, faire le dos rond… Tout profit pour Ogier qui, petit à petit, revient dans la course pour le titre de champion du monde, à force de bénéficier d’une position avantageuse sur la route, malgré son programme partiel.