Noah Lyles a décroché la médaille d’or du 100 m en athlétisme aux Jeux Olympiques de Paris dimanche soir. L’Américain a remporté la finale avec un chrono de 9.79 départagé au millième de seconde avec le Jamaïcain Kishane Thompson (9.79) tandis que l’autre Américain Fred Kerley complète le podium (9.81).
Noah Lyles, qui signe là son meilleur chrono en carrière, est le premier Américain à décrocher une médaille d’or sur 100 m depuis 2004 avec le sacre de Justin Gatlin à Athènes en 9.85.
Avec son chrono, Lyles est à 16/100e du record olympique de 9.63 toujours détenu par le Jamaïcain Usain Bolt (5 août 2012).
L’Italien Marcell Lamont Jacobs, qui avait décroché l’or dans cette discipline à Tokyo en 2021, a terminé à la 5e place en 9.85 et s’est blessé aux ischios.
Né le 18 juillet 1997 à Gainesville (Floride), l’athlète a connu une enfance marquée par les difficultés.
Jusqu’à ses six ans, il multiplie les séjours à l’hôpital pour traiter de violentes crises d’asthme. Sa mère Keisha Caine Bishop, avec qui il garde un lien très fort, restait éveillée des nuits entières pour le maintenir en position assise afin qu’il puisse dormir.
Dyslexique et atteint de troubles de l’attention, Lyles souffre à l’école où il est moqué par ses camarades -«ils étaient impitoyables»- pour ses dents jaunies par un traitement contre l’asthme.
Après le divorce de ses parents, il se révèle sur la piste à Charlotte (Caroline du Nord) où, avec son frère Josephus, il fait parler la génétique: sa mère était une sprinteuse universitaire, son père membre du relais 4x400 m américain champion du monde en 1995.
«Je voulais déjà courir aux Jeux olympiques, devenir une star de la piste, l’homme le plus rapide du monde», relate-t-il dans le documentaire «The Noah Lyles Project» que la NBC consacre à celui qui a grandi entouré d’athlètes olympiques, parmi les amis de ses parents.
«Champion de sprint, il pensait que c’était banal: tu passes le permis, tu vas au lycée et tu es sélectionné aux JO», lance sa mère, dont il a hérité du large sourire.
Lyles passe directement du lycée au monde professionnel, une rareté, et manque la qualification pour les Jeux de Rio sur 200 m pour 9 centièmes de seconde, avant de devenir champion du monde du demi-tour de piste pour la première fois en 2019 à Doha. Le tout sans jamais s’éloigner de son cercle proche, sa mère et son frère, depuis élargi à sa petite amie, la sprinteuse jamaïcaine Junelle Bromfield.
«On se fait des soirées jeux en famille, on rigole, on fait les fous, explique sa mère. Parfois il vient chez moi et s’étale juste sur le canapé. En famille, Noah n’est pas une star, c’est juste un de mes enfants.»
«Je n’ai aucune médaille chez moi, seulement des photos de famille. C’est une maison normale.»
Lyles, déjà sextuple champion du monde, a trouvé son équilibre dans le groupe d’entraînement de Lance Brauman à Clermont (Floride), l’un des plus relevés du monde, où il recherche l’excellence.
«Son intuition, ses connaissances, sa façon de maximiser son potentiel le rendent unique. Il a tellement grandi depuis Tokyo», note Diana McNab, la préparatrice mentale qui le suit depuis le lycée.
Pour les Jeux de Paris, l’athlète qui s’est donné pour mission de rajeunir l’image de l’athlétisme, s’est mis «beaucoup de pression», assure sa mère, pour atteindre l’objectif d’une vie.