Dans la Vallée du Lot où les vacanciers ont coutume d’enfiler la tenue (très) légère pour des sorties en kayak ou des baignades bienvenues, beaucoup s’étaient cette fois précipités à deux pas de la Bastide fluviale de Villeneuve-sur-Lot pour le passage de la Grande Boucle. L’eau de la rivière avait laissé place à la sueur. Les couleurs pastel n’étaient pas vraiment recommandées. À l’inverse du vert foncé qui permet, lui, de masquer un éventuel coup de chaud. Biniam Girmay en est la meilleure illustration.
Depuis le début du Tour, on ne cessait de vanter l’homogénéité des sprints. Chacun, à tour de rôle, parvenait à sortir son épingle du jeu, sans doute piqué par les critiques qui s’intensifiaient. Mais le patron est bien l’icône du cyclisme africain ! Le coureur érythréen a obtenu, avec l’assurance qui colle aux sprinteurs en pleine bourre, son troisième bouquet de vainqueur. Et dire, qu’avant le Tour, le puncheur était la deuxième option d’Intermarché-Wanty dans les sprints, derrière Gerben Thijssen.
« Je crois qu’après cela, je peux rentrer à la maison », sourit-il à la descente du podium. En temps normal, étant donné le tracé de cette édition et la proximité avec les Jeux olympiques, on aurait tendance à croire ces propos. Mais la possibilité, voire la probabilité de gagner le maillot vert « oblige » Bini à rester sur les routes françaises, jusqu’à Nice. Tant pis pour l’objectif olympique… Avec la confiance qui est la sienne, a-t-il vraiment besoin d’une préparation spécifique pour le rendez-vous parisien ? Poser la question, c’est peut-être y répondre.
« Je ne peux le cacher, je suis dans la meilleure forme de ma vie. Je me sens tellement bien ! Quand je me réveille le matin, je suis heureux et en forme. Gagner à trois reprises sur le Tour, c’est tout simplement extraordinaire. Je suis transcendé par ce maillot vert. Cela me donne confiance pour la suite de ma carrière. Encore plus que lors de mes deux premiers succès, je me dois de remercier l’équipe pour son travail. Mike Teunissen m’a déposé à la perfection », commente celui qui se réjouit de voir de nouvelles images de fête dans son pays.
De Lie, encore dans le top 5
Un peu plus loin, devant le bus Lotto-Dstny, un rayon de soleil éclaire la tunique de champion de Belgique. Comme tous ses comparses du peloton, Arnaud De Lie cherche l’ombre et la fraîcheur. Le coup de chaud a été double pour le taureau de Lescheret, qui a bien failli se retrouver au tapis à une dizaine de kilomètres de l’arrivée. Plus de peur que de mal, au contraire de son coéquipier, Jarrad Drizners, touché dans la chute. Septième, De Lie profite du déclassement de Démare et Cavendish pour se hisser une fois de plus dans le top 5 du sprint massif.
« Je pense que c’était le sprint le plus nerveux de tous », relate-t-il. « Personne n’a vraiment su mettre en place un train. Il y avait une désorganisation générale. Lors de la chute, j’ai failli tomber. Cela s’est déroulé juste derrière moi, je n’ai pas vu ce qui s’est passé. Mais lorsqu’on entend le gros brouhaha, on se doute qu’il y a des gens à terre. Quelques coéquipiers sont touchés. J’espère que ce ne sont que des brûlures. On va essayer de sprinter à nouveau, ce vendredi. »