Avec Jorthy Mokio, ce n’était même plus une question de « si » mais plutôt une question de « quand. » Allait-il un jour être appelé en équipe nationale ? Pour beaucoup, l’affaire était déjà dans le sac, avant même qu’on n’ose vraiment se poser la question. Restait donc une seconde interrogation : quand Jorthy Mokio allait-il être appelé chez les grands ? Rudi Garcia ne nous a même pas laissés le temps de trop tergiverser et a tranché dans le vif directement : à 17 ans, le jeune ajacide est visiblement assez mûr pour honorer sa première cap et il sera donc déjà du voyage.
« On prépare l’avenir » a entonné le Français au moment de commenter son choix, qui, pour beaucoup, ne méritait pourtant guère de justification supplémentaire. « Mokio a dix-sept ans, Fofana dix-neuf. Ils méritent leur sélection sur base de leurs qualités et sur base de leur forme actuelle. » a-t-il ensuite confirmé au micro de Sporza. Garcia n’a pas sélectionné Mokio uniquement pour le « verrouiller » et éviter une Karetsas/Talbi bis, les deux binationaux ayant récemment fait parler en optant pour la Grèce et le Maroc à la place de la Belgique.
Né à Gand mais de parents congolais, Mokio aurait effectivement pu prétendre à une sélection avec les Léopards. Mais il a finalement choisi la Belgique pour réaliser son rêve : jouer avec les Diables Rouges.
Dans les livres d’histoire des Diables Rouges
À 17 ans et 14 jours précisément, le voilà donc officiellement Diable Rouge. S’il venait à disputer une minute contre l’Ukraine, il se hisserait dans le Top 5 des plus jeunes joueurs de l’histoire de notre pays derrière Van Himst, Lukaku, Van den Borre et Nisot mais devant quelques autres « pressés » comme Eden Hazard ou Yari Verschaeren. Itinéraire d’une météorite qui a toujours eu pour habitude de gravir les marches quatre à quatre.
Il y a un an, quasiment jour pour jour, il disputait ses premières minutes avec Gand, son club formateur. Une minute contre le Standard, une autre deux semaines plus tard face à Louvain et puis deux titularisations. Quatre matches, avant un grand départ, déjà. Courtisé par toute l’Europe, Mokio quitte les Buffalos et rejoint le prestigieux giron de l’Ajax, connu et reconnu pour son centre de formation.
Là-bas, il entre sous couveuse et fait ses armes avec les U23 amstellodamois. Mais déjà à ce moment-là, son potentiel intrigue. Un longiligne défenseur gaucher, habile de ses pieds, capable de jouer dans l’axe, sur le flanc gauche et même en six, forcément ça tape à l’œil. Petit à petit, Mokio intègre donc l’équipe A.
De la dynamite dans les pieds
Le public belge, lui, le découvre réellement le 13 février dernier, quand l’Ajax se déplace à Bruxelles pour défier l’Union en Europa League. Pour la deuxième fois de sa vie, seulement, Mokio est titulaire avec les Ajacides. Mais le baptême du feu, aussi prestigieux soit-il, ne lui fait visiblement pas peur. D’une frappe monstrueuse à l’entrée de la surface, il s’improvise buteur, soigne ses présentations avec le public belge et enterre les espoirs unionistes. L’art de faire d’une pierre… trois coups.
La suite ? Tout à son image : tout en sobriété. Mokio ne force rien et accepte donc, malgré ces débuts fracassants, de retrouver un semblant d’ombre. Tantôt titulaire, tantôt remplaçant, tantôt même évincé du groupe pour ne pas le brûler, le Belge accepte tous les rôles qu’on lui donne. À 17 ans, il va justement en découvrir un fameux de rôle. Celui d’international belge. Avec les absences conjuguées d’Amadou Onana et Orel Mangala, il est d’ailleurs quasiment le seul six du noyau avec Nicolas Raskin.
Aura-t-il droit à quelques minutes face à l’Ukraine ? C’est loin d’être impossible. D’autant plus que malgré son jeune âge, il a une autre grande qualité : une sérénité impressionnante. Alors Mokio, la nouvelle pierre angulaire de la défense ou de l’entrejeu des Diables à l’avenir ?