Kylian Mbappé : le vrai et le faux d’un immense feuilleton médiatique

Visé par une plainte pour viol et agression sexuelle selon la presse suédoise et française, le natif de Bondy est plus que jamais au cœur de la polémique. Mais que sait-on réellement de cette affaire qui fait couler énormément d’encre depuis lundi soir ? Décryptage.

circus
Photo
AFP

Depuis plusieurs jours, Kylian Mbappé se retrouve plongé dans un feuilleton médiatique d’une très grande ampleur, qui fait suite à son voyage en Suède lors de la dernière trêve internationale. Dans un premier temps, la star de l’Équipe de France s’est retrouvée au cœur d’une petite polémique purement sportive, du fait qu’il prenait du bon temps plutôt que de rejoindre la sélection française, alors qu’il était remis de sa blessure.

Mais depuis ce lundi, le feuilleton a pris une tout autre tournure : le joueur du Real Madrid fait, selon la presse suédoise et française, l’objet d’une plainte pour viol et agression sexuelle, déposée par une jeune femme suite à un incident survenu dans son hôtel à Stockholm. L’affaire dépasse donc largement le cadre sportif et elle a pris d’énormes proportions sur le plan médiatique. Face à la quantité d’informations qui circulent depuis plusieurs jours, on tente de faire le point sur ce que l’on sait à l’heure actuelle, et de démêler le vrai du faux.

Ce qui est vrai

Kylian Mbappé s’est bien rendu en Suède :

Après avoir décidé de ne pas rejoindre la sélection française, Mbappé a bénéficié de plusieurs jours de repos lors desquels il s’est bel et bien rendu en Suède, où il a rejoint son ancien coéquipier Nordi Mukiele. Les deux hommes, ainsi que deux membres de l’entourage du joueur du Real Madrid, ont passé deux soirées consécutives au V club, une luxueuse boîte de nuit qu’ils avaient privatisé, en compagnie exclusive de jeunes femmes invitées en fonction de critères essentiellement esthétiques, comme l’explique Le Parisien, autrement dit, des escortes. Lors de la deuxième soirée, Mbappé et Mukiele seraient rentrés accompagnés à leur hôtel de luxe à la fin de la soirée.

Il est visé par la plainte de viol :

Pour l’instant, il n’a pas été cité par le communiqué du procureur en charge de l’affaire. Mais tout semble indiquer que Kylian Mbappé est bien la personne visée par la plainte pour viol et agression sexuelle qui a été déposée. Bien que l’ancien joueur du PSG n’en ait pas été avisé officiellement, son clan aurait désormais la certitude qu’il est visé par cette plainte. Ce qui rejoint les affirmations de deux médias suédois, qui sont certains à 100 % que le natif de Bondy est soupçonné de viol.

Il a directement engagé une avocate spécialisée :

Même s’il a qualifié les rumeurs le visant de « fake news » sur ses réseaux sociaux, Kylian Mbappé a directement choisi une nouvelle avocate, Me Marie-Alix Canu-Bernard, pour se défendre. Il s’agit d’une avocate pénaliste réputée pour sa gestion des dossiers sensibles. Elle a d’ailleurs déjà confirmé qu’une plainte en dénonciation calomnieuse allait être déposée.

Il aurait bien eu une relation sexuelle lors de son séjour :

Comme l’ont dévoilé Le Parisien et RMC Sport ce jeudi, Kylian Mbappé aurait effectivement eu une relation sexuelle, qu’il estime consentie, avec une jeune femme lors de sa virée en Suède. RMC Sport ajoute qu’il dispose de messages écrits par la jeune femme après son départ de l’hôtel, confirmant que leur relation intime était consentie. Selon lui, elle ne pourrait donc pas être la plaignante.

Ce qui est faux

Ce n’est pas une fake news :

Dès que l’affaire est sortie dans la presse, Mbappé s’est empressé de dénoncer une « fake news » sur son compte X, en effectuant un parallèle avec le litige qui l’oppose actuellement au PSG pour des salaires et des primes impayées. S’il est évidemment impossible de juger de la culpabilité ou de l’innocence du joueur à l’heure actuelle, la plainte qui le vise est bel et bien réelle et il ne s’agit pas d’une « fake news ».

Il n’y a pas de panique au Real Madrid :

Juste après le début de l’affaire, le Real Madrid avait effacé une photo sur laquelle figurait Mbappé, provoquant un nouvel emballement médiatique. Mais cela n’aurait rien à voir avec la plainte qui a été déposée : le Français, sous contrat avec Nike, ne pourrait simplement pas apparaître sur le compte du Real pour un événement Adidas.

Contactée par RMC Sport, une source interne du Real Madrid a assuré qu’il n’y avait aucune panique du côté du club espagnol, qui est persuadé que les accusations sont fausses. Le champion d’Europe aurait également affirmé que Mbappé disposait d’un jour off lorsqu’il s’est rendu à Stockholm, ce qu’il était dès lors en droit de faire.

Ce que l’on ignore

L’identité de la personne qui a porté plainte :

Comme évoqué plus tôt, on sait désormais que Kylian Mbappé a eu une relation sexuelle, consentie selon lui, avec une jeune femme lors de son séjour à Stockholm. Mais on ne sait pour l’heure pas si c’est elle qui a porté plainte pour viol à son encontre. Aucune information sur la plaignante n’a été dévoilée, que ce soit par le biais de son avocate ou des autorités locales. Il pourrait donc très bien s’agir d’une autre jeune femme.

Le PSG est-il impliqué ?

Depuis l’ouverture de l’enquête, le clan Mbappé insinue assez clairement que le PSG pourrait se cacher derrière cette affaire. Pour rappel, les deux parties s’opposent actuellement devant la justice car le joueur réclame 55 millions d’euros de salaires et de primes impayés par le club. D’où le tweet de Mbappé qui parle de « la veille de l’audience ». Questionné par RMC Sport, le PSG est circonspect et fustige les insinuations du clan Mbappé.

Daniel Riolo, éditorialiste de l’émission « L’After Foot », a expliqué que ces suspicions de coup monté viendraient du fait que le Français et son entourage sont persuadés que le PSG veut salir son image. Riolo évoque une « guerre de communication » entre les deux parties et une volonté du club parisien de nuire à son ancien joueur. C’est en tout cas ce dont son clan serait persuadé. Il revient notamment sur une tentative de chantage pour tenter, à l’époque, de faire prolonger Mbappé, qui tient particulièrement à soigner son image.

« En 2021, Mbappé a eu une relation privée avec une femme qui est tombée enceinte, enfant non désiré, comme ça peut malheureusement arriver », a détaillé Riolo. « Hôpital américain, avortement, pas de plainte de la fille ou quoi que ce soit. On aurait pu en rester là sauf, que dans la foulée, on va révéler cette affaire-là. Et en gros, si tu ne prolonges pas, on va révéler tout ça et salir ton image. Cette affaire, ils l’ont quand même gardée sous le coude pendant plus de deux ans. Et donc cette affaire a été révélée aujourd’hui et tout ce qui est dit est juste », a-t-il ajouté, pour justifier le fait que le Français accuse actuellement le PSG d’être à la base de cette affaire de viol. « En tout cas du côté du clan Mbappé, c’est ce que l’on pense. On est convaincu que cela devait finir par leur tomber dessus parce qu’on cherche à le faire tomber depuis longtemps. »

« Le PSG peut être à la manœuvre de manière opportune en plongeant sur l’affaire. Mais de là à imaginer une machination complète liée à la plaignante, etc. On est dans un film », ont toutefois tempéré les chroniqueurs de l’émission, désireux de ne pas accuser qui que ce soit.

Quelles suites pour Mbappé ?

Désormais, à quoi faut-il s’attendre dans les prochains jours ? Selon deux experts de la justice suédoise interrogés dans les colonnes du quotidien Expressen, la prochaine étape de l’enquête serait un interrogatoire éventuel de Kylian Mbappé. « L’interrogatoire ne doit pas nécessairement avoir lieu en Suède, mais peut également avoir lieu là où il se trouve par l’intermédiaire d’un agent. »

Ce jeudi, Me Marie-Alix Canu-Bernard, l’avocate de Mbappé, a d’ailleurs annoncé qu’il « gardait la primauté de ses explications » pour la justice suédoise dans le cas où elle le solliciterait. Ce qui signifie qu’il ne s’exprimera pas dans les médias dans les jours à venir. Ce n’est qu’après une éventuelle audience que le procureur pourra évaluer si l’affaire doit être close ou si l’on souhaite poursuivre légalement, précise le journal suédois.