Rodri, c’est «un ordinateur parfait, sans faille», l’encense son sélectionneur Luis de la Fuente. A la fois brillant organisateur, créateur mais surtout redoutable récupérateur, le milieu de 28 ans est la pièce essentielle du jeu espagnol, tout aussi déterminant qu’avec Manchester City, dont il est le pilier depuis cinq saisons.
«C’est le meilleur milieu de terrain au monde actuellement, et de loin, parce qu’il est capable de tout faire», résume son entraîneur Pep Guardiola, qui a fait de lui son homme de base chez les Citizens et lui a permis d’étoffer sa palette.
Le joueur formé à l’Atlético Madrid a en effet pris une autre dimension ces deux dernières saisons sous les ordres du technicien catalan, enchaînant notamment 74 matches sans défaite entre février 2023 et mai 2024.
«Je me souviens encore de son arrivée à Manchester. Après l’entraînement, il passait parfois une demi-heure à discuter avec Pep. Il a tout simplement appris et perfectionné son jeu», estimait son ex-coéquipier allemand Ilkay Gündogan avant le quart de finale de l’Euro.
Héritier de Busquets
Déjà extrêmement bien doté techniquement et bien aidé par son mètre 90, Rodri a impressionné depuis le début de l’Euro en dominant systématiquement ses adversaires directs dans les duels, à la récupération et en étant décisif dans les moments-clés.
Comme face à la Géorgie en huitièmes de finale, où il a demandé à ses coéquipiers de calmer le jeu après avoir concédé l’ouverture du score puis ramené les siens dans la partie d’une frappe puissante aux abords de la surface, l’un de ses nombreux atouts.
Le vice-capitaine de la Roja, loué comme un leader sur et en dehors du terrain, est parvenu à prendre le relais l’ex-Barcelonais Sergio Busquets, pièce fondamentale de la génération dorée espagnole au style atypique et longtemps considéré comme irremplaçable.
Sacrifié par Luis Enrique au Mondial-2022, où il avait joué majoritairement au poste de défenseur central derrière le champion du monde 2010, il a pris les reines de l’équipe après la retraite internationale du pivot catalan, avec comme mission de lui apprendre à gagner.
Grand artisan du sacre en Ligue des nations en 2023 contre la Croatie, Rodri avait été élu meilleur joueur de la compétition et pourrait réaliser un doublé inédit en l’étant une deuxième fois à l’Euro, en cas de victoire en finale contre son pays d’adoption, unanimement tombé sous son charme.
Un nouveau trophée qui couronnerait une saison exceptionnelle, après celle de 2022/23 où il aurait pu mériter de remporter le Ballon d’Or grâce à son triplé avec City.
«Je pense que Rodri est sans aucun doute le meilleur joueur du monde, mais il ne bénéficie pas de la campagne de marketing que d’autres footballeurs ont derrière eux. Il aurait déjà dû gagner le Ballon d’Or lorsqu’il a remporté la Ligue des champions, en marquant le but de la finale» estime le défenseur Dani Vivian.
Neuf ans après leur victoire commune à l’Euro U19 en 2015, Rodri et son sélectionneur Luis de la Fuente ont l’occasion dimanche de ramener l’Espagne à sa place au sommet du football mondial, où le Madrilène compte bien continuer de régner.